J’ai laissé longtemps, très longtemps cet article dans mes brouillons. Pour un sujet qui me touche autant, je ne savais pas si je faisais les choses bien. Et puis, je me suis écoutée, pour changer. Je fais les choses comme je pense qu’elles sont bien. Je ne fais pas les choses pour les autres. Ceci est mon ressenti à l’instant T où vous lisez ces lignes, mon ressenti sur ce qu’est la grossophobie et pourquoi je pense que c’est important d’en parler.

J’ai eu cette idée en regardant une vidéo de Pikiti Bouquine – que je ne suivais alors depuis pas longtemps mais que j’ai directement beaucoup apprécié – qui parlait de ce sujet – ou c’était peut-être un live. Et elle parlait de la grossophobie dont elle est victime et aussi d’un bouquin génial – Jemina Small VS the world, je crois – qui traite du sujet. Et puis j’ai eu un déclic en voyant le documentaire « On achève bien les gros » sur Arte – et il est dispo sur Youtube. Mais cet article, il me trotte dans la tête depuis bien plus longtemps, depuis que j’ai écrit cet article.
Depuis que j’entends parler de grossophobie, je me rendais pas compte que c’était ça, en fait que je subissais. « Dix millions de gros en France, mais ils sont où ? Ils peuvent pas aller dans l’espace public, ils ne peuvent pas se l’approprier » – On achève bien les gros. Parce que c’est vrai. Dans la rue, quand t’es gros, tu dois subir les regards des gens, les moqueries et tout ça. Et en fait, c’est tellement ancré dans la société que moi j’ai toujours trouvé ça « normal » qu’on me dise que je suis grosse. Alors que ceux qui sont « dans la norme » on va pas les faire chier en leur parlant de leur physique. Mais les gros si. Comme si on était pas au courant de comment on est. Comme si on le savait pas. Et je ne vous parle pas des maigres parce qu’en fait quand t’es dans un extrême, d’un côté ou de l’autre, tu prends. Je ne vous parle que d’un extrême, mais c’est parce que c’est le seul que je connais, pour le vivre au quotidien.
Les médecins, c’est les pire, je crois. Je sais qu’ils font leur métier mais moi, maintenant, je ne peux plus entendre leurs « mais c’est pour vous que je le fais ». Je leur dis direct : j’ai pas envie d’entendre le speech que vous allez me faire. Et je compte faire ça avec tous les prochains spécialiste ou médecins que je vois. Parce que si je viens pour me faire renouveler mon permis de conduire, j’ai pas besoin d’entendre que je suis grosse. Quel rapport ? Si je viens pour me faire faire un certificat pour mon travail, j’ai pas besoin d’entendre que je suis grosse. Je le sais, je le vois, je le sens, dans tous les mouvements que je fais, dans tout ce que je dois subir au quotidien. Je le sais.
Et j’ai eu une claque quand je suis allée en vacances dans les Alpes, j’ai subi une histoire de grossophobie ordinaire. Pour la première fois, je m’en suis rendue compte directement. En mangeant au restaurant, la personne à la table d’à côté a jugé bon de faire des réflexions parce que je bois de l’orangina en mangeant ma pizza. Et j’en ai parlé à mon père. Deux jours plus tard, alors qu’on revient d’une ballade (3 km aller-retour) et en arrivant vers la maison, mon père me sort : « je suis contente de te voir bouger, je pensais que tu ne faisais plus rien ». Et j’ai failli lui mettre un pain – façon de parler. C’est grossophobe de dire ça ! Non, tous les gros ne sont pas affalés toute la journée dans un canapé. Je n’ai rien dit mais je me suis énervée toute seule. Je ne lui ai plus parlé de quelques heures parce que… non.
Et j’aimerai faire des choses pour changer les mentalités mais je ne sais pas quoi.
Et par pitié, utilisez le mot gros. Ce n’est pas un gros mot. Non. C’est juste un adjectif factuel. Vraiment que ça. Alors oui, je suis grosse. Mais c’est pas la peine de venir me faire chier avec ça. Juste laissez moi être. Si je vous gêne, bah venez juste pas me parler, en fait.
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Notre monde est un intolérant chronique ! C est plus fort que lui ! Probablement que la différence l effraie … il aime bien trop les normes pour s aventurer vers les autres possibles. Tant pis pour lui !
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