Inspiration écriture #4

L’accident n’était pas de sa faute, dit l’avocat de Martha.

Me Gideon le savait, c’était la vérité. Depuis qu’il avait récupérer cette affaire pro bono, il avait compris que Martha disait la vérité. Mais c’était dur à comprendre. Elle était la seule à avoir survécu à un incendie dans son appartement. Quand il avait questionné Martha sur les raisons qui l’avait poussée à sortir et ne pas aider ni son mari, ni ses enfants. La seule chose qu’elle avait répondu, c’était « je pense que c’est l’instinct de survie ». Cela était une bonne réponse, selon Me Gideon. Mais difficile à entendre pour la famille de feu Sam, le mari de Martha.

_ En effet, elle n’a pas déclenché le feu. Elle a uniquement fait appel à son instinct de survie premier. Le temps qu’elle sorte, il était trop tard pour les autres.

Le jury hocha la tête. C’était logique. Et tout le monde pouvait comprendre l’instinct de survie. La mère de Sam soupire et son père regarde ailleurs. Depuis le début, le beau-père de Martha ne veut pas du procès. Il ne voulait pas la poursuivre en justice. Pourquoi ? En quoi est-ce sa faute ?

_ Les pompiers ont conclu que l’incident n’était pas criminel. De même que la police après une enquête de deux ans. Pourquoi vouloir encore persécuter ma cliente alors qu’elle n’a rien fait de mal ?

Le jury approuve une nouvelle fois. Me Gideon peut le voir dans leurs yeux. Il sait que c’est le tour de Me Hulk (un nom tout trouvé pour cet avocat) de faire sa conclusion et il a peur de sa réaction. Ils ont révisé, Me Gideon a fait des scénarios possibles de conclusions et Martha n’a pas eu de réaction. Mais ils peuvent encore le surprendre.

_ Mesdames et Messieurs, Mr le Président, j’attire une nouvelle fois votre attention sur le fait que trois personnes ont perdu la vie. Si cette femme (il pointe Martha, dans le box des accusés) n’avait pas été égoïste, mes clients n’auraient pas perdu la vie, de même que leur deux enfants. Si nous pouvons comprendre l’argument de la défense, il faut aussi voir ce qui aurait pu se passer, si elle avait pensé comme une mère qu’elle était il y a bientôt trois ans. Cette femme est-elle une mère si elle fait passer sa propre vie après celle de ses enfants ?

[Deux jours plus tard]

Martha entre dans le cabinet de Me Gideon. Il l’attend avec le champagne, pour célébrer sa libération. Elle entre, pimpante, pour la première fois depuis que Me Gideon la connaît. Elle est maquillée, elle ne porte pas son uniforme de prison. Il sert le champagne et ils trinquent.

_ Merci, Maitre. Je vous dois vraiment beaucoup.

_ Je vous en prie.

_ Si je vous dis quelque chose, ça restera entre nous ?

_ Bien évidemment.

Me Gideon fait l’arbre des possibilités dans sa tête : violence en prison, problème dans leur mariage dont elle n’a jamais parlé qui pourrait être un motif et tant d’autres.

_ Je vous remercie vraiment pour m’avoir libérée. Je… Je ne pensais pas que c’était possible. Vous savez, vous ne m’avez jamais demandé si je l’avais fait. Parce que vous m’avez crue dès le départ. Et ça m’a beaucoup aidée. Je n’ai jamais rien dit sinon « instinct de survie » et vous avez magnifiquement brodé de là. Je vous félicite.

Me Gideon fronce les sourcils.

_ Eh oui, c’était moi, depuis le début. Merci à vous de m’avoir libéré de ma vie.

Elle prend son sac et elle s’en va, souriant. Elle sait que Me Gideon ne va rien pouvoir faire. Il est lié à elle. Il ne voudra pas perdre sa réputation. Il a libéré une innocente qui n’en était pas une.

Epilogue : Deux jours plus tard, on retrouvera Me Gideon pendu dans son garage.

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