D’abord, avant de commencer, je vous incite fortement à vous renseigner sur ce massacre – appelons, une fois de plus, un chat un chat. Je n’ai pas le souvenir que mes parents m’en aient parlé quand j’étais jeune – en même temps, quand ça s’est passé, j’avais huit ans et sans doute pas assez de recul pour comprendre – mais je sais que j’ai eu une période où j’ai regardé quelques trucs par rapport à cela. Et c’est fascinant. Tragique, horrible, dramatique, oui, aussi. Mais fascinant. Et surtout, c’est un des massacres le plus meurtriers s’étant passé dans une école aux Etats-Unis. Si tu veux te renseigner, va sur Youtube, il y a quelques reportages qui sont plutôt bien fait – TW quand même pour suicide, tuerie, massacres, dépression…. – ou alors, suis donc ce lien, tu verras, on est bien – même s’il faut soi-disant ne pas y aller.
Passons au TED à proprement parler.
[Encore un avant-propos, en fait]. Avant de le regarder, j’ai déjà trouvé que c’était incroyable ce qu’elle faisait. Pourquoi ? Parce que pour une fois, on a quelqu’un de l’autre côté (les « méchants ») qui témoigne. Enfin, je n’ai jamais rien vu de tel. C’est comme si… la famille de Salah Abdeslam venait parler de lui. Je trouverait ça vachement intéressant. Bref. Je pense que cette fois, on va passer au TED. Enregistré en 2017, soit près de 20 ans après les événements.
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Sue est une veille femme maintenant. Elle a les cheveux blancs et les yeux fatigués. Elle commence « The last I heard my son’s voice was when he walked out the front door on his way to school« . La dernière fois qu’elle a entendu le son de la voix de son fils, c’était quand il sortait pour aller à l’école. Un seul mot : Bye. C’était le 29 avril 1999. Plus tard ce matin là, son fils, Dylan et l’ami de celui-ci, Eric, ont tué 12 lycéens et un professeur et en ont blessé plus de 20 autres avant de se tuer à leur tour. 13 personnes mortes laissant les familles dans le chagrin et le traumatisme. Cela ne se résume pas seulement aux chiffres. Il n’y a aucun moyen de quantifier les dégâts psychologiques de ceux qui étaient dans l’école ou ceux qui ont aider à stopper le massacre ou qui ont été là, dans l’après.
Cela lui a prit des années pour qu’elle accepte ce que lui avait laissé son fils, ce qu’elle devait porter désormais. Elle pensait qu’elle le connaissait mais son comportement dans les derniers mois de sa vie lui ont prouvé que non. On lui a demandé « Comment est-ce que tu pouvais ne pas savoir ? » ou « Quel genre de mère est-ce que tu étais ? » Elle se le demande encore. Elle pensait qu’elle était une bonne mère mais le fait que son fils aie participer à ce massacre l’a convaincue qu’elle avait raté en tant que parent. Et c’est aussi ce sentiment d’échec qui l’amène à parler.
Elle veut partager ce que ça fait d’être la mère de quelqu’un qui a tué et blessé. Elle essaye encore de savoir où elle a échoué, en tant que parent. Il n’y a pas de réponse toute faite ou simple. Elle veut partager ce qu’elle a appris au cours de toutes ces années. Quand elle parle à des gens qu’elle ne connaissaient pas avant la tuerie, elle a trois défis qui se posent à elle :
- Elle ne peut jamais savoir quand elle entre dans une pièce, quelqu’un a été touché personnellement parce que son fils a fait. Elle s’excuse pour son fils.
- Elle demande à ce qu’on comprenne et que l’on compatisse. Elle pense que le fait que son fils aie pris part dans la tuerie était lié au fait qu’il ne voulait plus vivre lui-même.
- Elle parle de santé mentale quand elle parle du suicide de son fils et en même temps, elle parle de violence. Elle ne veut pas que l’on mélange tout mais ce n’est pas facile. Elle explique.
Elle voulait comprendre ce qui se passait dans la tête de son fils avant son suicide. Elle s’est rapprochée de personne ayant vécu la même chose qu’elle : des personnes ayant survécu au suicide d’un proche.
Elle raconte une anecdote. Elle parlait au bureau avec une collègue et disant que son fils ne pouvait pas l’avoir aimé pour avoir fait ce qu’il a fait. Une autre collègue, qui avait entendu la conversation, vint la voir plus tard et lui dit qu’elle avait tort.
La décision de mourir par suicide n’est pas un choix qui se fait comme choisir quelle voiture on conduit ou dans quel club on se rend le samedi soir.
En plus de tous les problèmes de santé mentale dont elle parle, elle pointe du doigt le fait que son fils avait accès à des armes. Trop facile. Et cela ne change pas.
Elle raconte ensuite qu’elle a eu un cancer du sien, deux ans après le massacre. Puis deux ans après, elle a commencé à avoir des problèmes de santé mentale, de crise d’angoisse, de crise de panique.. Et qu’elle a finit pas s’en remettre et revenir à « la normale ». Et qu’elle a compris ce que c’était que l’importance de prendre soin de sa santé mentale.
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Je trouve ça très fort. Je trouve ça surtout très courageux. Parce que comme elle le dit elle-même, elle ne peut pas savoir, en entrant sur scène si une personne du public n’a pas été personnellement touchée par la tragédie de Columbine. Je trouve ça extraordinaire qu’elle parle de son fils, qu’elle parle de ce qu’elle ressent et le message qu’elle envoie. Si son fils avait été traité pour ses problèmes de santé mentale, la tragédie n’aurait peut-être pas eu lieu. Alors, le message est simple : personne ne doit stopper de chercher à comprendre ce qui est incompréhensible. Les suicides peuvent amener aux tueries et c’est pour cela que l’on doit faire attention aux jeunes pour ne pas qu’ils se fassent influencés dans le mauvais sens.
Merci pour ce beau message et bravo d’avoir parlé, Sue.