I bruise easily

 

J’ai eu cette idée d’article ce jour-là. Ce matin-là, en montant dans le bus, je m’étais viandée (tape toi l’affiche) et j’avais cogné mon tibia contre une marche du bus. Le midi, c’était rouge et je ne doute pas que la suite allait devenir violet, vert, jaune et autres couleurs flatteuses. Heureusement, c’étaient les vacances pour moi, sans compter qu’en hiver, ou fin d’automne, on n’a pas tendance à mettre des mini-jupes. Sachant que je ne mets jamais de mini-jupes de toutes façons, cela ne changeait rien pour moi.

Bref. Je fais des intros bien trop longues mais si ça vous plaît pas… je ne vous oblige pas à rester.

Le fait d’avoir ce bleu sur la jambe m’a fait pensé à la chanson de Natasha Bedingfield « I bruise easily » et je me la suis passée dans ma tête. Non, je ne suis pas pauvre au point de ne pas avoir ce qu’il faut avec moi, mais je ne voulais pas encore l’entendre – digression rebonjour. Et je me suis dis que cette chanson était faite pour moi – ne faites pas comme si vous n’avez jamais dit « ça, c’est ma chanson ». au sens propre comme au sens figuré.

Je marque facilement au niveau de ma peau. Assez rapidement, j’ai des bleus, des cloques de boutons de moustiques – que je gratte alors que je ne devrais pas, certes mais quand même – et je n’ai jamais eu souvenir que ça aie été un jour différent. Le problème que j’ai eu quelque fois, c’est le regard des gens et les réactions. Pour exemple, je suis tombée contre un tabouret alors que j’étais en stage pendant ma première année de master. Je me suis mangé le tabouret dans la tempe, j’ai eu un bleu et une égratignure. La totale. Le lundi suivant quand je suis arrivée au lycée, ma tutrice de stage m’a demandé ce que j’avais. Je lui ai dit presque machinalement que j’étais tombée et que j’allais bien. Elle m’a regardée, intriguée puis m’a dit que « si c’était autre chose, je pouvais le dire et je devais en parler ». J’avais 24 ans. Honnêtement, je ne dis pas qu’il ne faut pas parler des violences faites aux femmes, bien évidemment qu’il faut en parler. Je ne pense pas que ce soit facile pour les victimes d’en parler. Mais quand en tout bonne foi, vous répondez juste à une question avec la vérité et que l’on vous presse parce qu’on pense que c’est autre chose, c’est fatigant. Et ça m’est arrivé plus d’une fois, il me semble. Mais cette fois là est la fois qui est restée dans ma mémoire. Ce qui joue en me défaveur aussi, c’est que je suis très maladroite, je tombe souvent, je fais souvent tomber des trucs, je me cogne et ça… la société a des regards étranges envers les femmes avec des marques. Ce que je peux comprendre. Mais quand ça ne vous touche pas, c’est pas facile de subir ça. Bref. Je m’embrouille.

Mais je marque aussi facilement dans la tête. Je suis pleine de cicatrices qui font que je suis qui je suis. Toutes les déceptions que j’ai subies, tout ce que j’ai enduré, c’est ce qui fait que je suis moi. Et je les porte avec moi. Je ne sais pas si vous avez ce sentiment parfois de porter vos cicatrices sur vous. Je veux dire physiquement. Des fois, je me ballade, je marche quelque part, je fais mes courses ou peut importe et je vais penser à une de mes cicatrices et ça va me rendre triste. Exemple : je vais aller en ville et je vais voir des jeunes dans le bus. Elles vont rigoler et je vais me remettre dans un mood de quand j’étais au collège ou au lycée où je me faisais harcelée et j’ai mon cœur qui se serre parce que j’ai l’impression que je suis la cible parce qu’à l’époque, c’était le cas. Des fois, mon imagination s’emballe et je vois ma cicatrice sur ma peau et qu’elle me brûle – je suis en train de me donner une idée pour un bouquin. Mais elles font qui je suis et dictent mes réactions. Elles font partie de moi. Je ne peux rien y faire.

Bref, j’adore cette chanson, parce qu’elle parle de moi.

Un commentaire

  1. Superbe digression à partir de cette chanson…. Géniale et d’actualité la geisha avec le mécanisme de maintien à bone distance/gestes barrières…
    Ces « bruise » du corps et de l’âme constituent effectivement une sacré trame historique de nos vies, et il est opportun de savoir les imprimer enregistrer pour bien les identifier pour mieux les « conserver »… De toutes manières si on ne le fait pas consciemment, ils resurgissent de manière naturelle à un moment et/ou à un autre…
    Sur un plan thérapeutique il existe par exemple une méthode de kinésithérapie qui prend en compte la mémoire corporelle de manière à réactiver certains traumatismes très anciens à l’origines de conséquences parfois lourdes avec le temps…. Su un plan plus psychique Boris Cyrulnik a mis en avant, comme d’autres chercheurs des liens très important entre mémoire et émotions dans l’histoire et la vie de chacun-e…, au delà des « bruise »…
    Pour répondre à ce qui pourrait être considéré comme une « question » dans cet article, Oui, je les porte « en » moi…..

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