NaNo Prompts 2022 – Jour 9

Lana était rentrée en trombe dans la maison, juste après le collège. Elle n’avait pas pris la peine de dire bonjour à son père, préférant monter à la va vite les escaliers puis s’enfermer dans sa chambre. Dan, qui n’aimait pas entrer dans la sphère privée de sa fille, n’était pas monté tout de suite. Il avait préféré la laisser gérer toute seule, elle savait si bien le faire. Mais là, deux heures après le retourne de sa fille, il ne tenait plus. Elle pouvait tout aussi bien être en train de faire ses devoir.

Mais quand il avait poussé la porte, c’était une toute autre histoire qui se déroula devant lui. Il n’aimait pas les femmes qui pleurent. Mais alors voir sa fille pleurer, c’était toujours une déchirement. La mère de Lana était décédée deux ans auparavant. De temps en temps, il la voyait essayer des larmes et il savait à quel point une figure maternelle manquait dans la maison amis il n’était pas prêt à refaire sa vie. Il chassa tout cela de son esprit. Ce qui comptait, c’était sa fille.

_ Lana, tu veux parler ?

Elle leva ses yeux vers lui. ses prunelles marrons étaient exactement la même teinte que celle de sa mère. Dans ses yeux, la tristesse, mais pas celle de la perte de sa mère.

_ Je sais pas si tu peux comprendre.

Ce n’était pas un non, c’était déjà ça.

_ Essaye de me parler et on verra.

_ Bah tu sais, je sortais avec Cam.

Dan, largué, hocha cependant la tête. Cam ? C’était qui lui ? Il ne l’avait jamais vue avec un garçon. Peut-être n’était-il juste pas venu à la maison.

_ Cameron, ma copine du cours de français ?

Un interrupteur s’actionna dans le cerveau de Dan. « Ah » fut le premier mot qui lui vint à l’esprit. Il s’autoflagellerai plus tard d’avoir pensé comme cela, d’avoir catégorisé immédiatement sa fille. Il ne pouvait pas savoir qu’elle aimait les filles. Ce n’était pas comme si elle lui en avait parlé. Elle en avait peut-être parlé à sa mère.

_Ah, d’accord. Non, je suis désolé, ma puce, je ne savais pas.

_ C’est pas grave. Bah… c’est fini.

_ Elle t’a fait de la peine ? Il faut que je mette mon costume de super papa et que je l’envoie dans une autre galaxie ?

Lana le considéra avec un étonnement nouveau puis éclata de rire. Elle en avait les larmes aux yeux. Cela faisait plaisir de la voir comme ça, elle qui était la plupart du temps dans la lune ou mutique face aux interrogations de son père. Ils n’étaient pas en conflits ou quoi que ce soit du genre, mais elle ne lui parlait pas plus que cela. Sans doute n’avaient-ils pas encore trouvé l’équilibre dont ils avaient besoin maintenant que leur équation à trois était devenue une équation à deux. Dan savait que Lana voulait être traitée comme une égale. Mais elle avait seize ans et lui Quarante. Comment la prendre au sérieux quand on sait ce que lui était capable de faire à seize ans ?

Lanan essaya des larmes qui coulaient encore sur ses joues et elle étouffa un nouveau début de fou-rire.

_ Ah, papa ! Merci pour ça ! Vraiment !

_ Je ne fais que mon devoir !

_ Je pense que le costume de super papa est un peu trop petit, mais j’apprécie que tu proposes encore de te battre contre les méchants à ma place. Tu sais, je devient de plus en plus grand et peut-être que je pourrais devenir super Lana.

_ Je suis certin que tu le deviendras, ma chérie.

Il laissa passer un moment et s’approcha pour prendre sa fille dans ses bras. Il aimait ce petit bout de femme d’un amour inconditionnel. Il pourrait tout donner pour elle, tout ce qu’elle voulait qu’il fasse, il le ferait. Ce n’était pas encore pareil que ce qu’il avait ressenti avec sa femme, non. C’était juste un père, qui aime sa fille.

_ En attendant, je peux toujours t’aider.

_ Tu t’y connais en chagrin d’amour ?

Il vit sa fille se mordre la lèvre, tic qu’elle avait hérité de sa mère quand cette dernière se rendait compte qu’elle avait fait une gaffe. Dan lui sourit tendrement.

_ Je pense qu’on peut dire que j’en ai eu dans ma vie.

_ Je t’aime hein, papa. Mais tu penses que maman, elle aurait pu m’aider ? Pour de vrai ?

En silence, Dan se leva et se rendit dans sa chambre. Il savait qu’il trouverait, un jour, le moment parfait pour donner cela à sa fille. Erin, avant de partir, lui avait dévoilé son secret. Et lui avait dit d’attendre un moment de tendresse et de vulnérabilité de la part de Lana pour lui donner ce précieux cadeau. Comme toujours, Erin avait vu juste.

Il tendit le paquet à sa fille et lui dit :

_ Ta mère avait un drôle de pouvoir pour voir le futur, il faut croire.

Lana ouvrit le paquet puis le cahier qu’il contenait.

_ Pour mon enfant, parce que Dan ne sait pas y faire. Je t’aime Dan mais notre bébé va avoir besoin de vrais conseils, lut doucement Lana.

Elle leva les yeux vers son père.

_ Tu l’as lu ?

Il sourit en se retournant et lui dit :

_ Il est clair qu’il ne m’est pas destiné.

Huit mois d’une grossesse magique. Vraiment. Pour tout dire, elle le tenait du cahier. Personne dans son entourage ne comprenait pourquoi et surtout comment elle avait fait pour avoir une grossesse si parfaite. Lana n’avait pas voulu ébruité son secret. Elle avait suivi les étapes du cahier de sa mère pour avoir une grossesse parfaite. Ce n’était pas dur. Le leitmotiv était simple : tu as de la chance d’être enceinte, surtout si tu le voulais plus que tout. Durant les quelques pages sur ce thème, dans le cahiers, Lana avait eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises. Sa mère y avait glissé des anecdotes de sa propre grossesse, la seule qu’elle avait jamais eue.

Huit mois, presque le terme. La fin de cette période de félicité où elle avait appris à vivre chaque moment da la façon la plus authentique et pleine possible. C’était, somme toute, le gros de la chose. Profiter de ces neuf mois comme étant à toi, au bébé à venir et à la personne qui partage ta vie. Lana s’était étonnée de voir que sa mère n’avait pas noté « l’homme qui partage ta vie ». Elle n’avait pourtant jamais parlé à se mère de ses préférences en terme de relation mais était ravie de voir sa mère si ouverte – alors qu’elle avait pourtant subi une éducation très religieuse. Le point avant la grossesse, c’était sur les relations. Il se nommait : « trouve quelqu’un qui te rend heureux.se ». Sa mère, en avance sur son temps sur la tolérance.

Wendy rentra dans la pièce. C’était la fête au dehors mais elle connaissait bien sa femme et savait, plus que n’importe qui, que Lana avait souvent besoin de faire le vide, de respirer, loin de tout. Loin du bruit, qu’elle supportait de moins en moins. Loin de toute cette agitation. On avait certes fait une fête pour le départ d’Erin à l’université mais Lana avait longtemps hésité à participer. Wendy lui avait dit qu’elle le ferait parce que c’était sa fille. Pourtant, Erin avait compris et lui avait dit qu’elle n’avait pas de nécessité de venir.

Bientôt, la fille rejoignit ses mères dans la cuisine.

_ Qu’est-ce que tu fais là ? C’est ta fête !

_ Qu’est-ce qu’une fête si je n’ai pas les deux meilleures personnes au monde à côté de moi ?

Lana sourit mais regardait dans le vide. Elle aurait voulu que sa mère soit là, comme souvent quand elle avait accompli des « choses à faire ». Voir sa fille partir était un déchirement mais, encore une fois, le cahier de sa mère l’avait aidé. Elle n’avait pas vécu ce moment là mais l’avait rapproché fort du moment où elle-même était partie. Elle ne voulait pas voir sa fille sans elle mais c’était comme cela que ça devait être. Lana avait pleuré, beaucoup.

_ Et puis, Papy Dan est parti dans une improvisation alors, ça va tenir les gens pendant quelques minutes, sinon plus.

Lana reconnaissait bien là son père. Après avoir été super papa pour elle, il avait été super papy Dan pour sa fille. Et il avait joué son rôle à la perfection. Depuis que sa femme était décédé, il avait trouvé une nouvelle compagne de vie, Justine, une femme parfaite pour lui. Pour le nouveau lui qu’il avait réussi à construite, quelques années après la perte de sa femme.

Erin ouvrit les bras et les trois femmes s’enlacèrent. Tendrement, comme depuis le début.

Sa fille était presque dans la voiture. Elle mit le cahier dans une enveloppe et nota simplement le prénom de sa fille en lettres capitales. Elle sortit sur le trottoir et de nouvelles embrassades fusèrent. C’était deux jours après la fête, le jour où, vraiment, Erin partait pour l’université. Elle allait revenir, elle ne partait pas bien loin. Mais c’était tout de même un déchirement de savoir son enfant si loin de soi.

Lana tendit l’enveloppe à sa fille et un sourire fendit son visage.

_ Le secret de ma réussite.

_ Tu l’as partagé avec maman ?

_ Non, ce n’est que pour toi.

Nouvelles embrassades.

Erin déposa ses valises et commença par ce qu’elle avait attendu de faire pendant trois heures. Ouvrir la lettre de sa mère. Elle y trouva un mot et deux cahier. Elle lut le mot :

« Bonjour, mon petit rayon de soleil. Tu es arrivé.e dans ma vie quand je ne m’y attendais pas. Je ne savais pas quoi faire alors, j’ai suivi les conseils d’une femme inspirante, Erin. Oui, ta grand-mère, celle que tu aurais du connaitre et avec qui, j’en suis certaine, tu te serais bien entendu.e. Elle était douce et posée, vous aviez un peu le même caractère, tou.te.s les deux. Le carnet jaune est celui de ta grand-mère, le vert est le mien. J’ai aussi compulsé quelques conseils qui pourront, peut-être, t’aider à naviguer dans la vie. Quoi que tu fasses et qui que tu deviennes, je suis extrêmement fière de toi. Je t’aime. Maman.« .

Et toute sa vie durant, Erin suivit les conseils de sa mère et de sa grand-mère. De là naquit une tradition et quand elle eut sa fille, elle lui donna précieusement, le jour de son départ à l’université, le carnet jaune, le carnet vert et le carte rouge, le sien, celui qu’elle avait elle-même compulsé, avec ses expériences, qu’elle avait du traverser sans aide.

Mais l’aide est toujours là, si on veut bien la demander.

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En plus : J’ai beaucoup aimé mon histoire de ce jour.

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